12/08/2014

Renouveau



Auguste Renoir - Printemps à Chatou



Le printemps maladif a chassé tristement
L'hiver, saison de l'art serein, l'hiver lucide,
Et dans mon être à qui le sang morne préside
L'impuissance s'étire en un long bâillement.

Des crépuscules blancs tiédissent sous le crâne
Qu'un cercle de fer serre aini qu'un vieux tombeau,
Et, triste, j'erre après un rêve vague et beau,
Par les champs où la sève immense se pavane.

Puis je tombe énervé de oarfums d'arbres, las,
Et creusant de ma face une fosse à ce rêve,
Mordant la terre chaude où poussent les lilas,

J'attends, en m'abîmant que mon ennui s'élève...
Cependant l'azur rit sur la haie et l'éveil
De tant d'oiseaux en fleurs gazouillant au soleil.



Stéphane MALLARMÉ