05/08/2014

La caravane




La caravane humaine au Sahara du monde,
Par ce chemin des ans qui n'a pas de retour,
S'en va traînant le pied, brûlée aux feux du jour,
Hildebrandt Eduard
 Le cimetière du Bosphore
Et buvant sur ses bras la sueur qui l'inonde.

Le lion rugit et la tempête gronde ;
À l'horizon fuyard, ni minaret, ni tour ;
La seule ombre qu'on ait, c'est l'ombre du vautour,
Qui traverse le ciel cherchant sa proie immonde.

L'on avance toujours, et voici que l'on voit
Quelque chose de vert que l'on se montre au doigt :
C'est un bois de cyprès semé de blanches pierres.

Dieu, pour vous reposer, dans le désert du temps,
Comme des oasis a mis les cimetières :
Couchez-vous et dormez voyageurs haletants.



Théophile GAUTIER - La comédie de la mort