Ô rêveuse, pour que je plonge
Au pur délice sans chemin,
Berthe Morisot - jeune fille à l'éventail |
Sache, par un subtil mensonge,
Garder mon aile dans ta main.
Une fraîcheur de crépuscule
Te vient à chaque battement
dont le coup prisonnier recule
L'horizon délicatement.
Vertige ! voici que frissonne
L'espace comme un grand baiser
Qui, fou de naître pour personne,
Ne peut jaillir ni s'apaiser.
Sens-tu le paradis farouche
Ainsi qu'un rire enseveli
Se couler du coin de ta bouche
Au fond de l'unanime pli !
Le sceptre des rivages roses
Stagnants sur les soirs d'or, ce l'est,
Ce blanc vol fermé que tu poses
Contre le feu d'un bracelet.
Stéphane MALLARMÉ
http://www.musee-mallarme.fr/autre-eventail-de-mademoiselle-mallarme
L'éventail de Mlle Mallarmé |
http://www.musee-mallarme.fr/autre-eventail-de-mademoiselle-mallarme
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